. témoignage
une traversée des enfers
par M.T.
J’ai découvert le mouvement régénérateur au bon moment. Je suis tombé « par hasard » sur le livre « L’intelligence instinctive » qui m’a profondément parlé. La pratique au quotidien allait m’accompagner dans ce qui allait être une traversée des enfers. A cette époque-là, je travaillais comme professeur des écoles j’étais marié, j’avais une fille de 4 ans. Tout aurait pu sembler merveilleux mais c’était sans compter les failles. Je me disais tout va bien à l’extérieur mais je n’étais pas heureux. J’avais des conflits intérieurs pas croyables. Puis au travail les choses sont allées de mal en pis. Je ne supportais plus les élèves. Mon couple s’est effrité. Nous nous sommes séparés en février 2014. je n’ai pas pu finir mon année scolaire. Et les vacances d’été n’ont pas été suffisantes pour récupérer. Quand le jour de la pré-rentrée j’ai vu les collègues, je n’étais plus « là ». Impossible d’organiser quoi que ce soit, de comprendre les conversations. Je me suis effondré en larmes. Je n’ai pu reprendre la classe. Un an d’arrêt maladie, pour laisser remonter, ou laisser vivre toute cette misère intérieure trop longtemps niée : dépression, envie de mourir, tristesse (des jours entiers à pleurer), la terreur aussi avec des moments où je me retrouvais sous mon canapé à trembler de peur, l’énergie vitale au ras des baskets…
A ce moment-là, la pratique du mouvement régénérateur m’a offert un repère quotidien. Juste être avec soi ! Se foutre la paix pendant un moment. Laisser vivre les choses.
Durant les séances, c’étaient souvent des pleurs qui sortaient, un besoin de vider mon sac de toutes ces larmes. Progressivement mon corps se mettait en mouvement et prenait des postures inimaginables, de torsion, de tension. Je ne saurais expliquer mais ça me faisait du bien, ça cherchait au plus profond un chemin pour exprimer l’indicible. De ces torsions sont venus des cris libérateurs. Puis une rage insoupçonnée a commencé à sortir. Le processus était lancé. Un rêve m’est venu lors du dernier stage qui l’a appelé processus de « déjuvénilisation » ! Ca m’a rappelé la remarque que Denis m’avait faite il y a quelque temps : « quand tu es arrivé, j’avais l’impression d’avoir un « garçon » en face de moi, maintenant je vois un homme ».
Quelques mois après le début de la pratique, j’ai pu sentir un revirement tout doux, comme un printemps après l’hiver. Le renouveau. L’énergie qui revient. J’ai obtenu un congé de formation pour me réorienter, dans lequel je me sens vraiment bien. Maintenant ces enfers semblent loin. Une autre vie. Je me rends compte que tous ces moments de conflits que j’avais, hyper violents parfois, ont disparu. Je me sens à ma place, sans souci du lendemain. Tout s’ouvre. Ma relation aux autres (ma nouvelle compagne, ses enfants, ma fille…), une confiance nouvelle en moi, en la vie. Les événements se mettent en place sans que je fasse rien. Et c’est plutôt bien. Par exemple dans le cadre de ma formation (Master) je devais trouver un stage. J’ai cherché un peu, puis un jour un de nos professeurs vient vers moi et m’en propose un. Si je l’avais rêvé je n’aurais pas pu trouver mieux. Il me permet de faire la synthèse de tout ce que je connaissais sur la montagne avant de travailler comme professeur des écoles. Pour la vente de ma maison, même chose, j’ai trouvé un acheteur sans le chercher non plus. Pour la location de mon appartement, pareil, je l’ai trouvé comme ça. Je rentre dedans, je me dis “tiens, c’est bon”. Je vais quand même vérifier avec un autre, j’arrive devant la deuxième maison, je ne la visite même pas, j’appelle la propriétaire et je lui dis « je suis devant la maison et j’annule le rendez vous » tout en moi criait « non ».
Autre test : les enfants. Avec eux je me surprends. Mon attitude devient beaucoup plus spontanée, je suis plus dans l’interaction. Il y a quelque temps ils auraient pu me déranger par leur comportement envahissant. Avec une petite de 6 ans, la fille d’une amie que je n’avais jamais vue, qui se jette sur moi et me donne des coups de poings et des coups de pieds. Et là, au lieu de chercher à la raisonner, je suis rentré dans son “délire”, je me suis dit “ok on va jouer à ce jeu-là”, et j’ai même trouvé ça marrant. On s’est battus et plus tard elle est venue sur moi, elle ne bougeait plus, elle voulait des caresses, des câlins, un chat quoi, j’avais un chat sur moi, c’est fou. Même là je n’étais pas dérangé. Une autre manière de partager.
Et en même temps, s’il y a besoin de poser le cadre avec eux, même si c’est la première fois que je les vois, pas de problème, ça sort de moi. Il y a beaucoup de choses comme cela qui changent. Je ne fais plus les choses pour faire plaisir ou par peur de ce que pourraient penser les autres. C’est comme si j’entendais mon corps me dire « oui » ou « non ». La vie s’est beaucoup simplifiée, elle coule de nouveau, sans effort… ouf.
Les « coups de grisou » reviennent de temps en temps, mais c’est une autre attitude qui émerge pour les accueillir et les laisser vivre…