Il n’y a pas d’immédiateté dans la musique de Denis Emonet. Il faut le temps de contourner les références qui pourraient faire obstacle, surgir d’analogies, souffrir de rapprochements rapides: Andalousie, Maghreb, Asie, Amériques, Antilles. Sa musique est brune.

Et c’est encore ce motif ancien autour duquel il broderait des paysages, des espaces. Des territoires de mémoire conquis par le voyageur immobile qui n’a que ses doigts pour gratter les cordes, comme on gratte l’écorce de toute chose pour faire jaillir le secret.

On entre alors dans des cabanes abandonnées où gisent des éclats de miroir et un peigne noir sur lequel s’accrochent quelques cheveux fous. Reliquats d’histoire, musique tout en intimité et répétition, pincement aigu de cordes, arpèges, basse continue. Un bruit faible, un battement de cœur, toujours, au sein de la guitare.